Je suis le Serpent


 

Je suis le Serpent
Celui qui vit là dedans
On ne me voit pas
Je marche à petits pas 

A n’importe quel moment
Je peux te piquer
En un rien de temps
Je fais de toi mon dîner

Pour moi tu n’existes pas
Une partie de moi crois te voir
Mais tous mes gestes ne font
Que te traverser de part en part

Transparente je crois te voir
Mais je ne peux regarder
Que moi dans tes yeux briller
C’est un mensonge que je me crée

J’ai besoin d’exister
Car personne ne m’a regardé
Aucun yeux ne s’est posé
Sur ma carcasse désaffectée

Une armure j’ai créée
Autour de mon corps écorché
Pour éviter de sentir
Pour m’empêcher de souffrir

Enfermé dans ce corps
Tout est un petit peu mort
Étriqué dans ce rigide
Je ne sais pas être fluide

Je ne sais pas danser
A peine me balancer
Raide comme un passe-lacets
Tout le monde finit par se lasser

Chanter de ma voix éraillée
Rien n’est plus ajusté
Tout à fini par dérailler
Le train va enfin s’arrêter

Je crois être incompris
Délaissé par les autruis
Mais je ne perçois pas 
Qu’autour de moi c’est le froid

Les autres sont tous partis
Ils m’ont suffisamment attendu
Je n’ai jamais vu qu’ils étaient là
Je suis arrivé trop tard

J'attendais qu’ils m’admirent
Ou simplement qu’ils me virent
Car je ne croyais pas en moi
Ni en toi , c’était la loi

Je les ai laissé dans le vide
Et çà a fait un gros bide
J’attendais beaucoup trop
De l’autre pour qu’il répare

Les blessures qu’on m’avait faite
Dans mon enfance c’était pas la fête
Je voulais trouver ma place
Dans le manège de la vie qui passe

Je n’avais pas compris
Que dans la vraie vie
Aller vers l’autre et s’ouvrir
Celà peut ne pas faire souffrir

Ouvrir son coeur et danser
Chanter sans se marcher sur les pieds
Entrer dans la transe
C’est ainsi qu’on avance

Aller vers l’autre et rencontrer
Ce regard que j’ai toujours cherché
Ce regard qui regarde et m’aimer
Tout entier dans ma globalité

Ce n’est pas ma faute
Je n’avais rien fait
Pourtant j’ai cru longtemps
Que c’était moi qui les avait blessés.

Karine Ficini 30/09/2023